On a pu rencontrer les membres de Fontaines D.C quelques heures avant leur show à la Loggia pendant le premier jour des Eurockéennes. Connor, guitariste, accompagné de Connor, bassiste du groupe maintenant étoile montante du Rock cette année, ont répondu à nos questions sur les rives de l’étang de la Véronne. On a été comblé de les entendre faire direct le lien avec Marseille en parlant de Djibril Cissé, notre héros local.
Pas mal de gens et médias vous considèrent comme les “nouveaux héros du rock”, comment vivez-vous cette nouvelle perception?
Connor Deegan (Bassiste) : On ne l’a pas encore vraiment vécu, je dirais !
Connor Curley (Guitariste): Je ne sais pas, on est pas mal occupé en ce moment, c’est plutôt compliqué de faire autre chose que se lever, aller à l’aéroport, faire un concert, se concentrer, répéter, écrire des chansons. Nos esprits sont trop occupés avec le moment présent, c’est très dur de prendre du recul et de regarder tout ça avec un regard plus vaste. Ce sentiment d’avoir un nouveau statut peut être plutôt sympa, mais avec ses mauvais aspects, donc…
Vous savez, j’aime juste faire de la musique, j’aime être là, jouer de la guitare avec mes potes, c’est vraiment la chose sur laquelle j’essaie de me concentrer, je ne m’arrête pas sur les mots comme “héros” (rires).
Connor (b) : Je trouve que c’est plutôt cool, mais on est comme vous au final, des gens normaux.
On va parler de votre musique, on y entend pas mal de poésie et de brutalité en même temps, que ce soit dans les paroles et la composition. Est-ce que ces deux mots décrivent les sentiments que vous voulez partager avec votre musique?
Connor (g): Je pense que c’est la vision qu’on a voulu insuffler dans ce groupe, on est vraiment à fond dans la musique Punk, on joue en studio pour donner une puissance brute, c’est instinctif en quelque sorte, c’est ce qui nous remue. Et au moment où on s’est rencontré pour créer ce groupe, on était assez branché poésie et lecture!. C’étaient les deux choses qu’on a pu rassembler, on s’est jamais vraiment demandé ce qu’on faisait finalement.
Connor (b): C’était plutôt naturel, comme l’alcool et les cigarettes, tout vient naturellement.
On sait que vous êtes proches du groupe Girl Band à Dublin, vous pouvez nous en dire plus sur votre relation avec eux?
Connor (b): On a toujours voulu se rapprocher d’eux parce qu’ils étaient à ce moment le seul groupe autour duquel il se passait quelque chose d’important à Dublin. Je ne sais plus exactement ce qui a créé toute cette folie autour de Girl Band, mais il n’y avait pas beaucoup de groupes à Dublin à ce moment-là… On était vraiment jeune, peut être 19 ou 20, et on pouvait voir ce groupe jouer des choses qu’on aimait, tout en réussissant. On avait le sentiment à l’époque, que pour réussir, il fallait jouer de la musique qui se vendait. Mais voir un groupe qui chantait exactement ce qu’il voulait chanter, et partant en tournée autour du monde, c’était quelque chose de très inspirant. Donc naturellement, on était fasciné par eux, on a rencontré les gens derrière ce projet et ils nous ont vraiment aidés. C’est une bonne sensation, c’est comme avoir un grand frère qui est déjà passé par tout ce que tu es en train de vivre; et on peut lui demander “c’était comment ça?” Ça aide beaucoup.
Connor (g): Ouais, c’est comme des mentors. On va faire un concert avec eux à Bruxelles, je suis vraiment impatient d’y être et de boire un verre avec eux, j’ai hâte. C’est comme avoir 18 ans et enfin pouvoir boire légalement (rires).
On sait que l’un de vos passe-temps est de vous retrouver entre-vous dans des pubs, et discuter de vos derniers poèmes. C’est quelque chose d’important, ces rendez-vous, dans votre relation au sein du groupe?
Connor (g): Pour être honnête, c’est bien différent maintenant, déjà on se voit tous les jours ! Ce que je veux dire par là, c’est que quand on a commencé, ces rendez-vous étaient la seule occasion de se socialiser, en dehors des répétitions. C’était comme une rencontre des esprits, mais maintenant on se voit tous tous les jours, c’est continu, comme une pierre qui roule et on peut discuter n’importe où, à l’aéroport, en festival, et c’est ce qu’on fait constamment et ce qu’on a voulu depuis le début.
Connor (b): Je continue à les traîner dans des pubs partout où on va. Depuis cette période, les choses ont quelque peu changé, maintenant qu’on se voit tous les jours, la vie sur la route te fait changer de point de vue.
Ça fonctionne toujours comme avant?
Connor (b): Euh, oui et non ! Quand on décide de répéter et de jouer, c’est toujours pareil. Mais au quotidien, bien sûr c’est différent. Parce qu’avant je ne savais pas à quoi ressemblait ce gars (Connor), je ne savais pas quelle tête il avait au réveil avant que je dorme à côté de lui ! Je ne savais pas comment était Tom notre batteur le soir avant d’aller se coucher. On se connaît les uns et les autres bien plus que l’on n’a toujours voulu le savoir ! (rires)
Connor (g): On a tout vu, chaque poil d’aisselle de chacun d’entre nous.
Il y a un fort sentiment d’alerte dans vos compositions. Vous êtes effrayés par votre futur, et du manque de longévité qui affecte de plus en plus de groupes de rock aujourd’hui?
Connor (b): La nature de ce job c’est de ne pas trop penser à ce qu’il y a devant toi, parce qu’on est trop occupé par notre quotidien; si tu réfléchis trop loin dans le futur, tu risques de ne plus y voir clair et de t’y perdre. Donc on essaie de garder ce moment autant qu’on le peut, apprécier le présent comme il vient. Si on pense trop à ce qu’il y a devant nous, ça pourrait influencer la longévité de notre groupe.
En même temps, malgré cela on pense toujours à notre futur en se disant “les gens vont aimer ce qu’on fait?”, et tout ce qu’on peut faire c’est être honnête autant que possible. On ne va pas faire un album qui sonne comme le premier, on aimerait essayer de faire un prochain album qui montre que notre manière de vivre a changé et que ça peut se répercuter sur nous, pendant que le monde change également ! Mais que ce sont les mêmes personnes qui font cet album.
Enfin, on vit tout simplement, on va juste refléter ce qui se passe autour de nous.
Questions de la Stud
Un artiste référence
Connor (b): Bob Dylan
Connor (g) Shane MacGowan
Un album
Connor (g): Raw Power – The Stooges
Connor (b): velvet Underground
La collaboration la plus improbable
Connor (g): Fontaines D.C et Lana Del Rey
Connor (b): Avec Dolly Parton
Un film
Connor (b): Solaris (Steven Sodherberg)
Connor (g): Rock N’ Rolla
Un super héros
Connor (b): Bob Dylan
Connor (g): AquaMan… Il n’a pas assez d’exposition… À quel musicien il ressemble déjà ? Ah oui, Denis Wilson des Beach Boys (rires).
Une bière
Les deux: Guiness
Votre chauve préféré
Oh, ce gardien français… Fabien Barthez!
La meilleure scène
Les plus petites salles sont intimistes et imprégnées de sueur, mais sur une grosse scène, tu as un son très juste, donc c’est dur à dire… Je dirais le Paradiso à Amsterdam!